vendredi 7 mars 2008

« Il avait toujours un mot gentil », assure Chantal Dupas, de la Maison de la presse.

lundi 24 décembre 2007

« Il avait toujours un mot gentil », assure Chantal Dupas, de la Maison de la presse.

Louis Poirier, le Florentais « courtois et ouvert »

Il y a Julien Gracq, l'écrivain, allergique aux honneurs et aux caméras. Et Louis Poirier, le Florentais, « courtois et simple », ouvert à ceux qui l'entouraient au quotidien. « Il avait toujours un mot gentil », assure Chantal Dupas, de la Maison de la presse.
A Saint-Florent-le-Vieil, son village natal, Julien Gracq s'était retiré dans la maison familiale, une vieille bâtisse dressée face à la Loire. Un grand-père boulanger, des parents à la tête d'une mercerie. La famille Poirier y a ses racines. « Lors de l'ouverture de l'école publique, j'avais reçu le soutien de Madame », se souvient Guy, 93 ans, l'ancien instituteur et partenaire d'échecs de Julien Gracq.

Là, l'écrivain « vivait au rythme du fleuve ». S'il cultivait la discrétion, à Saint-Florent, il ne se cachait pas. On pouvait le croiser tous les matins, entre 8 h et 8 h 30, à la Maison de la presse, où il allait chercher ses journaux. « Le Monde et Le Figaro. » Un rituel assumé jusqu'à ses derniers jours.

« On parlait de tout »

« On lui laissait les ouvrages à dédicacer, raconte Chantal. Pour ses lecteurs, c'était quelque chose de sacré. Sa dernière signature date du 16 décembre. » A deux pas de la boutique, sur les quais de la Loire, Colette et André, Le château d'Argol glissé dans la poche, sont venus se recueillir. « On se sent orphelins, glisse le couple, originaire de Candé. Sa littérature m'a fait rêver. Il faut la mâcher et la remâcher. » De sa fenêtre, Suzanne observe le ballet des caméras et des promeneurs. Trois maisons séparent la sienne de celle de Julien Gracq : « Mais c'était plus qu'un voisin. » Un compagnon pour converser. « Avec lui, on pouvait parler de tout. Jamais il ne faisait sentir ce qu'il était. » Une silhouette familière, qui se dirigeait chaque jour vers le pont de Varades et l'Île batailleuse. « Ça va me faire un vide immense, confie Suzanne, 78 ans. Sa disparition me bouleverse. »

Elle décrit un homme « accessible » et « humain », aux rapports « simples ». « Rien à voir avec le caractère sauvage qu'on lui prêtait. » De l'autre côté de la départementale, Jacqueline et Serge, les anciens bouchers, dont il appréciait « les plats épicés », le confirment : « Il s'intéressait aux gens. C'est quelqu'un qu'on respectait. »

Jean-Pierre, qui cultive un bout de son jardin, évoque « un homme agréable et aimable ». « Il était d'une modestie et d'une courtoisie d'un autre temps », résume Suzanne.

Loin des mondanités. Ses invités, il les recevait à l'écart des micros. Ou à la Gabelle, le restaurant voisin. Le livre d'or contient les plumes d'Érik Orsenna, Hubert Védrine, Régis Debray ou PPDA, tous venus discrètement rencontrer l'auteur du Rivage des Syrtes.

A Saint-Florent, sa disparition a pris tout le monde de court. « Parce que rien ne le présageait », confie Jean-Pierre. « Quand j'ai entendu l'annonce à la radio, je suis restée pétrifiée, raconte Jacqueline. Ça m'a saisie. » « On était tellement habitué à le voir qu'on le croyait immortel », dit Chantal.

Ouest-France

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