Les Eaux étroites (1976)
Beauchesne, Eric. - Un récit emblématique : Les Eaux étroites, de Julien Gracq. - Ann Arbor (Mich.) : UMI, 1999
Mém. M. A. : Litt. : Laval (Canada) : 1993
Cote B.U. Angers : R 40 337
Ollivry-Anelli, Hélène. - Une Lecture des "Eaux étroites" de Julien Gracq. - [S. l. s.n.], 1990.
Mém. Maîtrise : Lett. : Paris IV : 1990. 3 ex.
Cote BU Angers : R 40 038. R 40 039. R 40 040.
Seyfrid, Brigitte. - La Fiction autobiographique dans "les Eaux étroites" de Julien Gracq. - [S.l. s.n.], 1986.
Mém. Maîtrise : Lett. mod. : Strasbourg II : 1986. 2 ex.
Cote BU Angers : R 40 266. R 40 225.
Carnets du grand chemin (1992)
Lanza, Evelyne. - Julien Gracq autobiographe ? dans "Carnets du grand chemin", 1992, Edition Corti. - [S.l. s.n.], 1997.
Mém. Maîtr. : Lett. : (?) : 1997.
Cote BU Angers : R 40 308
mercredi 24 septembre 2008
lundi 22 septembre 2008
Gracq au bac
Julien Gracq : extrait de Lettrines 2
Villages d'Amérique : lotissements gazonnés, ombreux et verdoyants, où le bornage remplace la clôture; maisonnettes de bois éparses sous les branches et posées sur le sol précairement. Rien n'est enraciné : c'est une maquette de « village fleuri » comme on en voit dans les vitrines des agences; si on soufflait dessus, tout s'envolerait, il ne resterait que les arbres, plus vieux que les murs qu'ils ont fournis. Petites églises blanches et neuves, non plus le coeur du village ainsi que chez nous, mais plutôt une dépendance fonctionnelle analogue à la poste ou au silo de maïs, casées à l'écart, n'importe où, comme une église de plantation au coin d'un champ de canne à sucre. Les cimetières sont des bosquets riants et ombragés, logeant des stèles de pierre au large sur les gazons tondus d'un vert profond : rien de lugubre en ces lieux; ce sont les prairies d'asphodèles beaucoup plus que les caveaux gothiques de l'Europe hantés des goules et des revenants. Dans ces bocages d'Éden pleins de pépiements, où plus rien ne parle du ver rongeur, de la Danse Macabre et du Jugement, brusquement revient en mémoire la mythologie indienne née de cette terre, où les âmes des guerriers morts voletaient réincarnées dans l'oiseau-mouche. Aucun de ces amers' de pierre dressée où s'accrochent les légendes : châteaux, moulins, cloîtres, donjons, calvaires, ruines. Nulle cicatrice d'homme sur la terre : le mound précolombien rentre dans le sol et s'égalise en un mouvement de terrain flou, la maison abandonnée disparaît en fumée comme un tas d'herbes sèches, l'Indian trial de terre battue a moins longue vie que la chaussée romaine. Le signe de la croix lui-même apparaît ici transplanté et exotique : « manière de blanc » à laquelle le paysage et le sol restent indociles, comme l'est aux espèces du pain et du vin cette terre du lait et du maïs.
Villages d'Amérique : lotissements gazonnés, ombreux et verdoyants, où le bornage remplace la clôture; maisonnettes de bois éparses sous les branches et posées sur le sol précairement. Rien n'est enraciné : c'est une maquette de « village fleuri » comme on en voit dans les vitrines des agences; si on soufflait dessus, tout s'envolerait, il ne resterait que les arbres, plus vieux que les murs qu'ils ont fournis. Petites églises blanches et neuves, non plus le coeur du village ainsi que chez nous, mais plutôt une dépendance fonctionnelle analogue à la poste ou au silo de maïs, casées à l'écart, n'importe où, comme une église de plantation au coin d'un champ de canne à sucre. Les cimetières sont des bosquets riants et ombragés, logeant des stèles de pierre au large sur les gazons tondus d'un vert profond : rien de lugubre en ces lieux; ce sont les prairies d'asphodèles beaucoup plus que les caveaux gothiques de l'Europe hantés des goules et des revenants. Dans ces bocages d'Éden pleins de pépiements, où plus rien ne parle du ver rongeur, de la Danse Macabre et du Jugement, brusquement revient en mémoire la mythologie indienne née de cette terre, où les âmes des guerriers morts voletaient réincarnées dans l'oiseau-mouche. Aucun de ces amers' de pierre dressée où s'accrochent les légendes : châteaux, moulins, cloîtres, donjons, calvaires, ruines. Nulle cicatrice d'homme sur la terre : le mound précolombien rentre dans le sol et s'égalise en un mouvement de terrain flou, la maison abandonnée disparaît en fumée comme un tas d'herbes sèches, l'Indian trial de terre battue a moins longue vie que la chaussée romaine. Le signe de la croix lui-même apparaît ici transplanté et exotique : « manière de blanc » à laquelle le paysage et le sol restent indociles, comme l'est aux espèces du pain et du vin cette terre du lait et du maïs.
Presse Ocean L’élève Louis Poirier vu par son professeur de lettres, Georges Kirn
L’élève Louis Poirier vu par son professeur de lettres, Georges Kirn
Georges Kirn, professeur de lettres.
En 1951, au lendemain de l’attribution du Prix Goncourt à Julien Gracq, pour Le Rivage des Syrtes, Georges Kirn dit tout le bien qu’il pense de son élève de seconde de l’année scolaire 1925-1926.
" Le plus étonnant, ce n’est pas que le Goncourt le couronne cette année, mais qu’il ne l’ait pas couronné dès son premier livre en 1938.Il était à l’aise dans toutes les matières, en latin, en grec, en maths…Et vous savez que lorsqu’il lui fallut choisir une orientation, c’est l’agrégation d’histoire qu’il choisit. Ce qui ne l’empêcha pas, tout en préparant Normale, d’être brillamment reçu au concours de sortie de l’Ecole des sciences politiques.Lorsqu’il était mon élève, il était très en avance sur les programmes. Les mouvements littéraires les plus fermés lui étaient familiers. Il lisait beaucoup. Sa facilité de travail lui permettait de le faire sans perte de temps.Plusieurs fois, il m’a fait lire ses poèmes. On pouvait y retrouver bien sûr une forte influence du symbolisme, mais par delà cette part d’imitation qui tenait à son âge, il y avait un instinct très sûr du poème et de la poésie. Sentiments et formes portaient la marque d’une maturité très personnelle.Il avait un jugement très sûr. Je me souviens d’une analyse qu’il m’avait faite sur un poème d’Henri de Régnier. Tout ce qu’il fallait en dire y était. Il voyait juste.Il lui est même arrivé d’être desservi par cette sûreté de jugement. C’était à sa première partie de bachot ; à ce moment-là, on donnait encore des commentaires de textes à l’écrit.Le commentaire portait sur « La flûte » de Vigny. Poirier avait fait une analyse très serrée, faisant la part du prosaïsme de Vigny. Cela dut mécontenter le correcteur, si bien que Poirier n’eut qu’un 14 au lieu du 18 ou 19 qu’il eût dû avoir."Propos tenus en décembre 1951 au journal La Résistance de l’Oues
Georges Kirn, professeur de lettres.
En 1951, au lendemain de l’attribution du Prix Goncourt à Julien Gracq, pour Le Rivage des Syrtes, Georges Kirn dit tout le bien qu’il pense de son élève de seconde de l’année scolaire 1925-1926.
" Le plus étonnant, ce n’est pas que le Goncourt le couronne cette année, mais qu’il ne l’ait pas couronné dès son premier livre en 1938.Il était à l’aise dans toutes les matières, en latin, en grec, en maths…Et vous savez que lorsqu’il lui fallut choisir une orientation, c’est l’agrégation d’histoire qu’il choisit. Ce qui ne l’empêcha pas, tout en préparant Normale, d’être brillamment reçu au concours de sortie de l’Ecole des sciences politiques.Lorsqu’il était mon élève, il était très en avance sur les programmes. Les mouvements littéraires les plus fermés lui étaient familiers. Il lisait beaucoup. Sa facilité de travail lui permettait de le faire sans perte de temps.Plusieurs fois, il m’a fait lire ses poèmes. On pouvait y retrouver bien sûr une forte influence du symbolisme, mais par delà cette part d’imitation qui tenait à son âge, il y avait un instinct très sûr du poème et de la poésie. Sentiments et formes portaient la marque d’une maturité très personnelle.Il avait un jugement très sûr. Je me souviens d’une analyse qu’il m’avait faite sur un poème d’Henri de Régnier. Tout ce qu’il fallait en dire y était. Il voyait juste.Il lui est même arrivé d’être desservi par cette sûreté de jugement. C’était à sa première partie de bachot ; à ce moment-là, on donnait encore des commentaires de textes à l’écrit.Le commentaire portait sur « La flûte » de Vigny. Poirier avait fait une analyse très serrée, faisant la part du prosaïsme de Vigny. Cela dut mécontenter le correcteur, si bien que Poirier n’eut qu’un 14 au lieu du 18 ou 19 qu’il eût dû avoir."Propos tenus en décembre 1951 au journal La Résistance de l’Oues
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