lundi 24 novembre 2008

Joseph Vebret: Pierre Michon, Michel Chaillou,>>>> Julien Gracq

Des nantais revisités dans le nouvel Observateur Livres




Chaillou : « C'est en ce sens là que je diffère de Julien Gracq. Il représente une certaine noblesse de la prose, que j'admire par ailleurs, mais chaque écrivain a son propre itinéraire. Moi j'ai envie de desceller les gonds de la signification habituelle, d'exister dans le vol, l'effraction, le rapt, dans la manière hésitante d'entrer dans l'espace d'un récit en tâtonnant, comme un somnambule. Ne pas reconnaître d'abord, pour ensuite identifier et, dans l'instant de l'hésitation interrogative, saisir à pleines mains ce qui ensuite va m'échapper et qui fera un roman. » Michon : « [...] il y a une grande différence entre ce que font les barbichus [écrivains naturalistes du XIXe siècle], Gracq ou Bergounioux, et ce que je fais de mon côté. Eux n'emploient le glossaire exact qu'à bon escient, tandis que je l'utilise à ma fantaisie, et d'ailleurs de manière souvent métaphorique. S'ils se servent d'un terme de métier, d'un mot rare pour désigner un geste professionnel, c'est en sachant exactement comment ce geste se décompose, avec quel outil il est accompli, à quoi il sert, pourquoi on ne peut pas procéder autrement, etc. Moi j'utilise le mot par effraction, pour sa sonorité, parce qu'il fait image, ou parce qu'il atteindra violemment le lecteur. J'en fais un coup de poing, pas un acte intellectuel. »

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