lundi 24 novembre 2008
La « tambouille littéraire » aux Journées Gracq
Jean Rouaud, concepteur des journées Gracq, peut être satisfait. Les débats étaient de qualité et l'auditorium de l'abbaye a fait salle comble.
Pendant deux jours des écrivains, éditeurs, universitaires ont débattu à Saint-Florent-le-Vieil sur le monde des lettres à partir de La littérature sans estomac de Gracq.
Passionnantes de bout en bout. Les premières journées Gracq se sont déroulées ce week-end, à Saint-Florent-le-Vieil, sous la direction de l'écrivain Jean Rouaud. En référence au pamphlet de Julien Gracq La littérature à l'Estomac et à son refus du prix Goncourt en 1951, il était tentant de parler de la cuisine littéraire. Ce que n'ont pas manqué de faire, Jean Rouaud, bien sûr, mais aussi Pierre Assouline, Raphaël Sorin, Pierre Jourde et quelques autres...
Plus de 7 000 manuscrits, chaque année, chez Gallimard. Représentant des éditions Gallimard aux Journées Gracq, Jean-Marie Laclavetine a été sur la sellette. La prestigieuse maison d'édition parisienne a beaucoup de choses à se faire pardonner, ne serait-ce que son succès ! Laclavetine confirme que Gallimard reçoit environ 7 000 ou 8 000 manuscrits par la poste. Comme partout, neuf sur dix sont éliminés par un « premier filtre ». Sylvie Gracia en témoigne, aux éditions du Rouergue, reprises par Acte Sud, les arrivées sont plus modestes : 1 200 livres par an. Dans cette masse d'écrits, la perle rare apparaît parfois : Les déferlantes de Claudie Gallay connaît un succès inattendu. Pour Raphaël Sorin, vieux routier de l'édition, « le comité de lecture est un alibi qui permet d'éliminer un manuscrit ».
Les prix littéraires : magouilles et compagnies. En 1990, Jean Rouaud a obtenu le Prix Goncourt contre toute attente. C'est Philippe Labro qui devait l'obtenir pour de raisons qui n'étaient pas toutes littéraires. Selon les participants au débat, les prix sont souvent décernés à la suite de magouilles entre les principales maisons d'édition. « Je trouve cela dégoûtant, déprimant, commente Jean-Marie Laclavetine. Mais ce n'est qu'une petite partie du travail de l'éditeur. »
Gracq aussi. L'édition, monde impitoyable ?Ce n'est pas nouveau. Gracq a dû payer pour la publication de son premier livre chez Corti. Auparavant, Gallimard l'avait refusé. Après guerre, Jean Paulhan lui a expliqué, de manière peu élégante, qu'un membre du comité de lecture, mort en déportation, avait écarté son manuscrit. « L'édition est aussi une industrie... », souligne Jean Rouaud.
A méditer en se baladant sur la nouvelle promenade Julien-Gracq superbement aménagée en bordure de Loire à Saint-Florent-le-Vieil.
Michel CAILLARD.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire