mercredi 22 octobre 2008

Jean MALAURIE...texte sur les paysages vues par son maître Emmanuel de Martonne

Les faciès cryergiques, torrentiels, les coupes de terrain franches et vigoureuses, permettent de donner une cohérence au raisonnement. Devant ces immensités majestueuses, je perçois dans un silence glacé assez effrayant, des dizaines d'indices - certains contradictoires - que je reconstitue dans ma pensée et se présente comme un puzzle afin de restituer une longue histoire qui s'achève par ces formes ultimes.

Je ressens devant un tel paysage, ce que Julien Gracq - lui aussi élève de de Martonne quelques quinze années plus tôt-, appelle un " fondu-enchaîné ", un " paysage graduel " un " paysage-histoire " un " sens " des harmoniques,… " expression de " relations internes " dans une " projection du temps dans l'espace " &sup4.

Les premières semaines très froides - de - 40 à - 30° - de début avril sont derrière moi. Mû d'une nouvelle ardeur chaque matin de ce mois de mai où le soleil est plus chaud, (température de - 20 à - 15°) je cherche le détail précis à faire figurer sur la carte qui, au fil des jours, n'est plus seulement topographique mais géomorphologique et je m'attache à chaque expression des agents cryergiques sur les versants de thalweg et le front littoral; je repère les sites cryergiques privilégiés : gneiss schisteux, calcaire en plaquettes cisaillées par des gels répétitifs ; dans les secteurs tabulaires, granitiques ou gneissiques, le socle de la pénéplaine algonkienne précambrienne s'impose dans sa majesté, son " immortalité " de 500 millions d'années.


Site de Jean MALAURIE...ce cher professeur amis des écossais et des Inuits

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