jeudi 28 août 2008
Laurence Ferrari dans Paris Match
Et de fait, même dans ce bureau, nul indice sur son jardin secret. Rien qui traîne. Quelques news, mais alignés avec la même rigueur qu’à la médiathèque municipale. Pour le reste, seulement des balises persos, comme ce vieux manuel d’anglais de quatrième dont on ne voit pas trop bien ce qu’il vient faire là : «Autodérision, parce que j’ai vraiment des progrès à faire!» Puis on écarquille les yeux sur la une du «Libé» encadrée qui annonce la mort de Julien Gracq. Pour une fois, Laurence Ferrari en devient presque romantique : «Je suis une vieille fan du “Rivage des Syrtes”. J’ai été jusqu’à en recopier des extraits entiers sur un cahier...» J’ai dû cependant manquer le plus précieux de ses repères car c’est elle, pour une fois, qui me pointe sur le mur un portrait de Baudelaire. Puis me lit à haute voix la citation qui l’accompagne. Sa devise, à l’évidence. Elle n’est pas franchement gaie : «Il faut travailler, sinon par goût, au moins par désespoir, puisque, tout bien vérifié, travailler est moins ennuyeux que s’amuser.» Baudelaire et Gracq à TF1... Surprenant, non? Et pourquoi ce culte du travail? Par désespoir? «Oui.» Puis elle enclenche la marche arrière. «Non, non, je corrige. J’ai beaucoup d’aptitude au bonheur. Je veux simplement dire que la vacuité, l’oisiveté me terrorisent. J’ai besoin de faire quelque chose de ma vie. L’humain ne cesse jamais de me passionner, même si je suis pessimiste et que je n’ai pas une haute idée de la nature humaine. Pourquoi ce plafond de verre, par exemple, qui bloque partout la carrière des femmes? Pourquoi à la télé aucune femme patron de chaîne? Moyennant quoi, je m’efforce toujours de revenir à l’essentiel. Cela, je l’ai appris le jour où, jeune journaliste à Europe 1, avec le même micro et à quelques heures d’intervalle, j’ai interviewé Yves Saint Laurent et Catherine Deneuve puis des sans-papiers maliens qui vivaient au milieu des rats.»
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